mercredi 28 août 2013

La perfection sans prétention



J’te vois venir avec tes grands sabots, tu vas me dire que le sujet est cliché. On en parle mille fois à la télé, dans la presse, les publicités. M’en fous. Parce que tu comprends, c’est anxiogène ce truc. Ça te pourrit au quotidien. Tu étouffes, tellement dans chaque recoin de ta vie, ça clignote comme un gyrophare. La perfection mec, c’est plus possible.

Aujourd’hui, tout est prétexte à l’excellence. T’invites des potes à manger sans prétention un soir, et  le top chef du jour te lance : « Ah ouais ? sympa tes lasagnes. Moi j’aurai ajouté un peu de piment pour relever le tout, tu-vois ? ». Non j’vois-pas. J’ai passé 3 heures à les préparer ces putains de lasagnes, donc ok le piment aurait peut-être permis que le plat raconte une histoire, mais là, tu-vois c’est pas le but ! Le but c’est : bouffer, ragoter, éventuellement rigoler, mais se faire chier avec espelette et le purisme italien c’est pas la priorité. 

Au taff, c’est pareil.  Depuis des semaines tu bosses sur un prospectus qui finira très probablement dans une poubelle de foire agricole. Quand finalement tu présentes ton projet, il y a toujours un mec en costard : comptable, juriste, plombier (Oui Mario porte parfois des costumes) qui y va de sa petite critique. « Le orange, j’aime pas. Mets du vert, ça fait plus agriculteur ».   
Et pour la connerie, tu choisis quelle couleur ? C’est dingue ! Le mec, il connait mieux ton travail que toi. Du coup, tu rétorques « Heu Jean-Pierre, pour la société tartampion, bascule plutôt sur un statut EIRL, une SA c’est trop old school ! »

Dans le cliché ultime de la perfection, y a aussi la confrontation avec ton reflet dans le miroir. Ok, tu n’as pas les jambes de Karembeu, les seins de Casta, la taille de Bundchen, mais depuis 3 mois tu pèses tes petits-pois, tu te rétames à la salle de sport, tu contractes ton fessier en réunion. Tu testes des milliards de crème mais jamais tu ne pourras avoir le grain-de-peau-vanity-fair. Et alors ? Finalement, ce qui te rend belle, ce n’est pas ce bras légèrement potelé ? Cette fosette au coin de ta joue ? Ces taches de rousseurs qui te parsèment le visage ? 

Mec, sache-le, on ne pourra jamais être parfaites. Oui on fera des conneries en élevant nos enfants, c’est vrai, on les collera devant la télé pour éviter de les entendre se chamailler. Parfois, on ouvrira une boite quand on aura la flemme de cuisiner.  On préférera surement se délecter à même le pot de Häagen Daz plutôt que de s'emmerder avec des abdos fessiers. Un jour, ca nous arrivera de chialer devant notre boss tellement on n'en peut plus de ce boulot. On recraquera sur une clope en soirée.  Mais finalement, on s’en fout, parce que le juriste, le pote, le mec, ou la copine qui te conseillent sur l’éducation de tes mômes, sur ta santé ou ton boulot….  ils ont tous merdé un jour dans leur vie. Parce que eux non plus ne sont pas parfaits. Tu crois sincèrement qu'on t'aimera plus parce que tu as rendu un projet béton et révolutionnaire? Parce que t'as perdu 2cm de tour de hanche? Parce que tes enfants auront la frange bien coupée?

Là, tu te dis que j'ai pondu un vieux cliché. Un article qui ne fera pas davantage avancer l'humanité. C'est vrai, par ces quelques lignes, j'ai brossé le champ des lieux communs, saccagé la nouveauté. Je fais même des rimes sans m'en rendre compte et c'est tellement galvaudé. Sauf que voilà mec...je ne suis pas parfaite.

lundi 26 août 2013

La rentrée, Bill Gates et moi




Tu te lèves un matin et tu as oublié ce moment de l’année. Celui qui, comme le coup de pied de Chuck Norris, arrive sans prévenir. Pourtant, on t’avait filé des indices chez Carrefour, Leclerc ou même à la radio. Mais toi bêtement, sortie à peine de tes vacances mojitotées tu as tout simplement zappé, comme face à « Questions pour un champion », un dimanche en fin de journée.

Oui, c’est la rentrée ! Les cartables Hello Kitty se pavanent dans les allées des galeries marchandes. Des mioches hurlent au coin d’un rayon « C’est une trousse Beyblade que je veux, sinon j’vais pas à l’école ». Les mamans bronzées errent, l’œil hagard et la liste des fournitures scolaires à la main comme des zombies en dormance.
Hey vieille, c’est fini les vacances ! Tu vas reprendre tes habitudes de ménagère de moins de 50 ans, et plus vite que ça !

Toi, t’as pas les mioches, mais pendant 4 semaines tu t’es enfilée des sangrias au soleil, t’as fait des grasses mat’ à faire pâlir d’envie un narcoleptique sans traitement. En gros, t’as glandé, bronzé, picolé, bouffé. Le boulot ? Un vieux truc du passé. La preuve : ta collègue de la compta, tu ne te souviens même plus de son prénom. 

Pourtant, un lundi matin, tu te réveilles en sursaut. Une musique d’aéroport s’époumone dans ton téléphone portable. Il est 7h30, c’est l’heure de te lever. Quoi ? Déjà ? Attendez les gars ! J’ai attendu mes vacances comme un lépreux attendrait ses antibiotiques. Et voilà, ça se termine comme ça ?  4 semaines de bonheur et en à peine 15 minutes, paf ! Retour au quotidien : reveil/tassimo/boulot/lessives/plateau-télé/vaisselle/tisane-douce-nuit. 

T'étais pas prête à ça. Le lever est pénible. Tu t’essouffles  façon Jeannie Longo dans une côte difficile. Tu dois aller bosser =  tu vas crever. Quelques kilomètres en Swift plus tard (le vélo t’as abandonné l’idée, faut pas déconner), tu arrives sur le parking de ton travail. Tu pousses la porte de ton bureau. La pièce, tu ne t’en souviens plus vraiment ; elle est loin dans tes souvenirs, comme quand, des années plus tard, tu visites la maison de ton enfance. 

Tu poses tes fesses sur ton fauteuil. Tu te la joues Rocky Balboa VS Adrienne: t’en as gros sur la patate, mais t’es pas une tafiole, tu retiens tes larmes. Arrive ensuite très rapidement, l’hécatombe. Le blanc. Le vide. Tu ne sais plus où tu en es dans tes dossiers. Ton boulot, c’est pas comme le vélo : t’as tout oublié. Je suis quoi déjà ? Chargée de communication ? Ah d’accord. 

Tes neurones pogotent dans ton cerveau. Mais par quoi dois-je commencer ? Le café ? Raconter mes vacances aux collègues ? Partir en courant ? 

Non ! En tant que jeune fille bien élevée, tu tries tes mails, tu ranges tes dossiers. Un miracle survient enfin. Tu découvres après 4 ans de bons et loyaux services dans ton entreprise, le gestionnaire de tâches Outlook.

Prioriser, classer, organiser. Des mots que tu n’avais pas entendus depuis tes cours de méthodologie. Aujourd’hui, ils te sauvent la vie. Cette rentrée ne sera pas un chaos, tu t’en fais la promesse !

Et au passage, tu files à l’église allumer un cierge pour Bill Gates.