mercredi 13 mars 2013

On a tous une huitre qui sommeille en nous




Des fois c’est plus fort que toi, t’as besoin d’espace. Tu suffoques. Tu étouffes. T’es une huitre en pleine tempête. Ta petite carapace râpeuse se choppe les embruns, t’as envie de crier « foutez-moi la paix » mais blempro à l’horizon : t’es une huitre, tu ne causes pas ! 
 
Bon moi ça va. Je ne suis pas un mollusque et quelque part, je ne m’en sens pas plus malheureuse. Etre une huitre, ça doit être chiant. Tu dois te sentir grosse, visqueuse et inutile. Au mieux, tu attends  avec tes copines, peinarde sur un rocher toute ta vie, au pire, tu finis dans l’estomac d’un gros bonhomme qui s’appelle Maurice. 

Tout ça pour dire qu’une huitre, moi j’ai l’impression que ça étouffe dans sa coquille. D’où la ressemblance avec l’être humain, de type féminin qui approche la trentaine et qui suffoque comme un pingouin au Kenya.

Être entre deux âges, ça t’asphyxie, j’te jure. T’es coincée entre tes 30 piges qui annoncent en stabilo orange « c’est le moment de concrétiser tes projets, de construire ta vie, d’acheter une maison, un Labrador et une Pergola » ( en résumé : tu ne déconnes plus jeune fille, t’es une femme). Et puis, tu vois les 40 au loin, mais loin tu vois, genre comme quand tu plisses les yeux pour regarder le fort Boyard à l’horizon. Ils sont loin les 40 et en même temps quand tu penses à tes 20 ans, tu te dis que 10 ans, ça passe aussi vite qu’Usain Bolt sous cocaïne. 

Au fond de toi tu espères comme à tes 20 ans, que ta vie soit rangée et posée 10 ans plus tard. Et c’est à ce moment précis que tu sens monter le frémissement de  l’huitre.

 Les questions se bousculent : Les mômes que l’on nourrit à coup de petits-beurre/Nutella vont-ils exister ? La maison avec travaux et Pergola  va-t-elle aboutir ? Qui sera celui qui supportera LE caractère d’huitre/pingouin au Kenya ?  Le salon de thé fleuri ouvrira-t-il ses portes un jour ? 

D’accord, je ne sais pas si un mollusque se pose ce type de questions, mais aujourd’hui, j’aurai presque envie d’adopter une colonie d’huitres pour leur dire « c’est bon les meufs, vous n’êtes pas seules. »

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